Un atterrissage progressif

image001(4)Rémy a touché terre dans l’après-midi du 31 décembre après une longue traversée qui a duré 74 jours 6 heures et 35 minutes. Au départ à Dakar, personne n’aurait imaginé que la traversée puisse être aussi longue. Les Alizés tant attendus ont tardé à arriver et la patience a été de rigueur durant cette longue aventure. Heureusement, le vent de nord-est s’est levé au moment le plus crucial, soit quelques jours avant l’arrivée, au moment où le franchissement de la ligne était compromis à cause du fort courant sud-équatorial. Continuer la lecture

Mission accomplie

Comme on aimerait être auprès de ceux qui se trouvent à Cayenne, qui ont vu Rémy fouler le sol de la terre ferme après cette si longue attente, partager l’intensité et le soulagement de ces dernières heures, et lui dire notre admiration .

Faute de quoi nous dédions à Rémy ce message.

C’est une immense joie de savoir que tu es enfin arrivé sain et sauf. Tu nous fais là un bien beau cadeau en ces dernières heures de l’année, nous voila allégés d’une sourde mais bien réelle inquiétude qui nous tenaillait depuis le 18 octobre. Continuer la lecture

J74 – Réveillon et retrouvailles sur la ligne d’arrivée

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Au départ de Dakar au Sénégal, ils avaient choisi des routes complètement différentes, le premier dans le grand Sud, le second dans le Nord, et ne s’étaient jamais revus depuis. Et pourtant, ils se sont retrouvés à quelques encablures seulement de la ligne d’arrivée. Malgré ses travers, l’océan du Large peut aussi offrir des moments d’une rare improbabilité, nos deux rameurs du jour, le breton Didier Torre et l’aptésien Rémy Landier ont coupé la ligne à moins de deux heures d’écart, après une folle poursuite à plus de 3 nœuds dans les faveurs du courant sud-équatorial jusqu’aux îles du Salut sous des vents d’Alizés enfin de retour. Epuisés et durablement marqués par 74 jours de mer, près de deux mois et demi d’une vie de solitaire, nos deux comparses ont aperçu la terre ferme ce matin à peine 10 milles avant de l’atteindre. Cette frontière du retour à la vie normale est brutale, les nerfs et l’émotion intense de la réussite les maintiennent éveillés, les marins ressentent légitimement un mal de terre aux effets autant physiques que psychologiques. Le fait de choisir une arrivée le jour du réveillon de la St Sylvestre contribue sans nul doute à conforter ce retour à la vie normale. Continuer la lecture

Nous avons réussi et j’ai traversé

Rémy a franchi la ligne d’arrivée après 74 jours 6 heures et 35 minutes de mer à 13 h 35 heure locale, soit 17 heures 35 heure métropolitaine dans une mer formée. Il se classe 9ème de la course.

Lorsque le directeur de course a annoncé officiellement son passage de la ligne d’arrivée, Rémy a crié :

Nous avons réussi et j’ai traversé

Il a très vite remercié tous les gens qui ont fait que son projet puisse se réaliser ou l’ont soutenu durant cette longue aventure.

Il arrive très satisfait de sa traversée, mais nous a assuré qu’il ne se lancerait plus dans une telle aventure.

Il était attendu à Kourou par Antonio De La Rosa, vainqueur de la course et Olivier Ducap.

D’autres photos seront publiées demain dans la journée.

Bonne année 2015 à tous.

Arrivée imminente

Poussé par des vents favorables d’un intensité généreuse, Rémy s’est laissé dériver toute la nuit en suivant un cap idéal et à une vitesse tout à fait honorable de plus de 3 nœuds.

Il a parcouru une trentaine de milles dans la nuit, ce qui le positionne maintenant à 8 heures heure locale (12 heures en métropole) à 20 milles de l’arrivée. Si il parvient à maintenir cette vitesse, ce qui devrait être le cas, il est attendu entre 15 et 16 heures entre Kourou et les îles du Salut, soit à 19 ou 20 heures en métropole.

Nous quittons en ce moment-même Cayenne pour Kourou où nous allons l’attendre de pieds fermes.

Il sera parmi nous pour fêter le réveillon de la Saint-Sylvestre.

Nouvelles du 30 décembre

Dans la journée du 29 décembre, Rémy a continué sa lutte contre la composante nord du courant dans lequel il se trouve depuis quelques jours, conscient que le franchissement de la ligne d’arrivée ne lui est pas assuré. Même si il est très fatigué, il a la ferme intention de franchir cette ligne et pour cela de gagner vers le sud. Il est remonté vers le nord dans la journée, et a réussi à prendre un cap légèrement orienté vers le sud dans la nuit, très probablement aidé par des vents de nord est qui se sont récemment levés et que nous ressentons également à Cayenne. Ces vents se sont maintenus toute la journée et lui ont permis de suivre un cap entre 235 et 250° qui est suffisant pour atteindre la ligne d’arrivée. De plus, il progresse à une vitesse tout à fait honorable avec une cinquantaine de milles parcourus dans les 24 dernières heures.

Il évolue dans une mer formée, notamment depuis qu’il est entré sur le plateau continental. Il a franchi dans la matinée le cap symbolique des 100 milles restants. Dans l’après-midi (heure locale de Guyane, soit 4 heures de moins qu’en France), il a enfin atteint la zone où l’eau change de couleur et devient marron. Cette couleur est due aux alluvions transportées par les nombreux fleuves à fort débit qui se déversent sur la côte, et notamment l’Amazone. Ce changement de couleur est une très bonne nouvelle pour lui, elle signifie que la côte n’est plus très loin. Continuer la lecture

J73 – Le routeur, une aide à la navigation ou un simple confident ?

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

En Guyane, la chaleur et l’hygrométrie de l’air peuvent rendre le sommeil léger, surtout lorsque le cerveau bouillonne de réflexions et d’interrogations à postériori. Aurions-nous en effet pu éviter à nos rameurs de renoncer ainsi à leurs rêves en leur prodiguant de meilleurs conseils ? Aurions-nous pu les placer à coup sûr dans les veines de courants et de vents les plus favorables. Cette question nous a tiraillé toute la nuit dernière jusqu’à ce que le vent des Alizés, plus frais et plus sec que celui de la ZIC, se fasse entendre dans la végétation toute proche. Cette descente de l’anticyclone, à laquelle plus personne ne croyait, sauf les fragiles prévisions météorologiques, a fini par arriver sur la zone de nos marins, quelques heures seulement après qu’ils décident, à bout de force et d’espoir, d’abandonner et d’accepter la remorque du voilier d’assistance. Cette édition 2014 est réellement cruelle pour ces marins qui avaient repoussé très loin leur limites en puisant avec courage et abnégation au plus profond de leurs ressources physiques et morales. Ces péripéties qui ne seront bientôt plus qu’un bref intermède dans le cours du temps et des souvenirs nous amènent néanmoins à nous interroger sur le rôle du routeur. Celui-ci est-il vraiment indispensable ? En l’espèce, ce 22 décembre dernier, Rémy Landier, Patrice Charlet (alias Mac Coy) et Olivier Montiel n’étaient distants les uns des autres que d’une trentaine de milles à peine et quasiment sur la même longitude. Pourtant, seul Rémy a réussi à trouver la voie vers l’Ouest, Patrice et Olivier étant eux irrémédiablement emportés vers l’Est par un flux très puissant et pourtant invisible sur les cartes. Leurs routeurs respectifs auraient-ils pu empêcher cette bifurcation diamétralement opposée et les conséquences qui en ont suivi ? Les cartes quotidiennes des courants sur zone ne laissaient pas présager un tel scénario et les rameurs se trouvaient alors plus à l’ouest que les positions de ceux qui les avaient précédé quelques jours plus tôt et qui avaient finalement réussi à s’évader par l’Ouest. Avec l’émergence des nouvelles technologies et la capacité des skippers à recevoir à bord toutes les informations nécessaires, cette expérience pose clairement la question de l’intérêt de recourir aux services d’un routeur, est-il vraiment une aide à la navigation ou simplement un confident ?. Les marins des célèbres courses au large sont-ils tous épaulés par un routeur ? Ceux de Rames Guyane ont-ils tous recouru aux services d’un routeur ? En d’autres termes, la réussite d’une telle traversée océanique n’est-elle pas exclusive du marin qui s’y engage corps et âme ? L’avenir de ce type d’épreuves sera certainement bien différent de tout ce que nous avons connu jusqu’alors. A méditer.   Continuer la lecture