J29 – Une mer en vrac

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Au 29ème jour de course, difficile d’ignorer le brutal ralentissement qui affecte le plan d’eau depuis une quinzaine d’heures environ. Des vents et des courants faibles associés à une mer en vrac rendent la progression difficile et donnent aux rameurs l’impression de planter leurs avirons dans du béton tant l’eau leur semble dure. Cette situation va-t-elle durer ? Les indicateurs dont nous disposons sont plutôt optimistes pour la période à venir mais nos marins savent dorénavant mieux que quiconque qu’une telle aventure océanique n’a rien d’un long fleuve tranquille, qu’il n’y a pas d’autres choix que celui d’accepter les conditions telles qu’elles s’imposent à eux là où ils se trouvent.

A bord de ce type d’embarcation, le dos rond reste la meilleure répartie que l’on puisse opposer aux éléments pour traverser une zone de contrariétés. La vitesse du bateau exclut toute possibilité de s’extirper d’un mauvais pas même en disposant de la capacité technologique de le voir arriver. Néanmoins, si l’on porte notre regard un peu plus loin, on constate (carte ci-dessous) que du nord au sud de l’Atlantique, nos rameurs se trouvent dans la seule zone de quiétude, juste au-dessus de l’Equateur.

Carte de l'ensemble de l'Atlantique au 16 novembre

Carte de l’ensemble de l’Atlantique au 16 novembre

Les tracasseries des uns et des autres restent donc relatives même si cela peut en effet être particulièrement pénible à vivre à bord où l’isolement rend la focale sur le reste du monde très étroite. Même avec les moyens modernes de communication que les marins ont à bord, ils ne savent finalement que très peu de choses et les informations qu’ils glanent au travers des messages et des vacations restent parcellaires. Même les infos que quelques-uns parviennent à capter grâce à leurs récepteur multi-bandes (pour ceux qui en ont) nécessitent d’être décryptées dans ce monde où tout est si différent.

Rémy Landier (n°84) et Olivier Montiel (n°7) l’ont bien compris. Après plusieurs jours gagnés par le doute avec de légitimes inquiétudes, ils finissent pas accepter leur sort comme un élément indissociable de leur aventure. Rémy supporte de mieux en mieux les contrariétés qui viennent agrémenter sa navigation. Olivier, de son côté, ne masque pas sa réelle déception en constatant que la réparation de fortune de son câble de téléphone n’a finalement pas résisté mais il en tempère la gravité, bien conscient que ces avaries ne sont pas de nature à compromettre la réussite de la traversée. Il garde le moral malgré tout et continue de soigner ses douleurs dorsales et scapulaires afin de pouvoir repartir à vive allure à la conquête de l’ouest.

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