J67 – Noël en mer

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Ce pourrait l’annonce aguicheuse d’une offre de croisière à bord d’un navire aux lignes confortables, mais au sein de la flottille, parmi les 10 rameurs qui restent ce soir encore sur l’océan, ces fêtes de Noël en solitaire à bord de leurs frêle embarcation auront une saveur aussi particulière qu’inattendue. A Dakar, on se profilait déjà dans ce moment de joie et de partage, à écouter les récits passionnés de nos rameurs émérites autour d’une dinde rôtie ou d’un chapon dodu. Cette succession de vents aléatoires et de courants tourmentés dès le premier jour de traversée aura rapidement bouleversé cette perspective et peu à peu préparé les esprits à ce Noël en solo. Englué depuis 48 h dans une pétole sans le moindre souffle, Harry qui avait pourtant repris des forces, s’est vu emporté par le puissant courant sud-équatorial sans rien pouvoir y opposer, passant au Nord des îles du Salut à plus de 40 milles de la ligne. Il aura fait sa traversée, comme tous les autres, sans compromis, avec ses moments de joies et ses abîmes de désespoir, déterminé à rallier l’Afrique aux Amériques. Le défi est en ce sens magnifiquement atteint. Bravo à lui et à tous ses proches qui l’ont soutenu sans jamais faillir même dans les moments les plus délicats.

Positions, vents et courants au 24 décembre

Positions, vents et courants au 24 décembre

Ce contexte actuel ne facilite vraiment l’approche de la ligne. Catherine, qui n’est plus ce soir qu’à 115 milles de l’arrivée en est bien conscience, et tente en conséquence comme Olivier B et Philippe de longer la côte au plus près pour ne pas se faire déporter au Nord. Les nordistes eux se débattent de cette insupportable nasse dans laquelle d’autres rameurs s’étaient déjà empêtré voilà une petite semaine. Si Rémy est parvenu non sans mal à s’extirper de ce mauvais courant traversier, Patrice C. (alias Mac Coy) et Olivier M. n’ont pas réussi à s’en évader. Ils rencontrent la pire configuration qui puisse être. Des vents de Sud-Est liés à cette remontée récente de la ZIC les maintiennent dans ce puissant courant qui les repousse vers l’Est, complètement à l’opposé de leur objectif. Ils luttent en vain pour gagner dans le sud mais la météo durablement défavorable s’y refuse obstinément. Aucune amélioration notable ne se profile à l’horizon avant la fin de semaine et des vents suffisamment forts pour être efficaces ne sont annoncés qu’en début de semaine prochaine. Cette situation plonge nos rameurs dans un marasme qu’ils peinent à juguler.

Le reste de la flottille continue sa progression, Gérard au Nord, les autres au Sud. Patrice M, assailli par des forces hostiles depuis tellement longtemps a dû se résoudre à déployer son cerf-volant pour contrer ces courants contraires. Mais avec des vents faibles, l’efficacité de cet instrument de secours reste à peine perceptible. Devant lui, le breton Didier et le basque Mathieu font désormais cap commun et s’en réjouissent. Il semblent tous deux dans la bonne veine et pourraient même faire route commune dans les prochains jours.

Au Nord, Gérard le vendéen, doyen de la flottille, évoque non sans émotion la messe de minuit qu’il s’apprête à vivre dans son petit « coin de vie » seul au milieu de l’océan. Il sait que ses prochaines fêtes de Noël dans les années à venir seront viscéralement liés au souvenir de ce moment si particulier. Il regrette d’être si loin de ses proches mais il reste malgré tout content d’être là sous une magnifique voûte céleste, la plus étoilée des soirées de Noël. Sous le regard complice des trois Rois Mages dans la constellation d’Orion, il souhaite à tous de merveilles fêtes de Noël.

5 réflexions sur « J67 – Noël en mer »

  1. Allez Remy…l arrivée est proche et vous êtes tous des gagnants dans cette traversée…cela fait appel a une sacre force mentale d’avoir participé à cette course…je vous admire…nous te suivons pas a pas…et en ce 25 décembre 2014, joyeux noel…
    Anne-Françoise et Valentin Leblond de fontaine de Vaucluse

  2. Joyeux Noel Rémy,
    Tu es proche de l’arrivée, tu es un battant et la victoire est au bout
    nous pensons beaucoup à toi et te suivons à chaque coup de rame
    gros bisous joelle et jean-pierre forcalquier

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