J70 – Plus d’espoir en la météo

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

Comprendre le sens d’un tel défi n’est pas donné au premier esprit rationnel venu. Mais plutôt que de s’interroger sur les motivations qui peuvent être multiples et diverses, ne peut-on pas plutôt se satisfaire de la seule envie de vivre un rêve personnel pour expliquer l’engagement dans une telle aventure. Tôt ce matin, du côté des îles du Salut en Guyane, Catherine Barroy, la corsaire malouine, nous aura merveilleusement démontré combien la quête d’un objectif peut décupler nos forces intérieures et nous permettre de puiser aussi loin que la nature peut nous le permettre dans nos ressources physiques et morales. Confrontée à de maintes reprises au cours de la traversée à des situations pour le moins contrariantes, parfois même à contre-courant de toutes logiques, Catherine aura su surmonter ses craintes et ses doutes pour finalement franchir tous les obstacles de son parcours initiatique à travers l’océan. Un grand bravo à elle et à tous ceux qui l’ont soutenue et qui l’ont aidée à trouver la meilleure voie au milieu de ce capharnaüm.

Positions, vents et courants au 27 décembre

Positions, vents et courants au 27 décembre

Avec Catherine, voilà donc un rameur de plus de retour à bon port. Mais 9 sont encore ce soir en mer avec les plus éloignés à plus de 700 milles de la ligne d’arrivée. Les tous prochains rameurs attendus devant Kourou – Olivier Bernard et Philippe Malapert – pourraient pointer leur étrave près de l’entrée du chenal dès demain, suivis de Rémy Landier qui parvient admirablement bien à garder un cap vers l’objectif malgré les courants traversiers. Le breton Didier Torre maintient lui aussi une excellente allure porté par le fameux courant sud-équatorial qu’il aura tant convoité.

Plus loin, le contexte demeure à ce jour très compliqué. Tout au Nord, Gérard Marie tente de  suivre l’orthodromie mais la tâche n’est pas des plus aisée et précède sans doute un passage tourmenté dans ce courant traversier qui a déjà causé tant de tracas à nos skippers. Olivier Montiel et Patrice Charlet (alias Mac Coy) restent irrémédiablement prisonniers de son emprise. Pour le premier, tout est entrepris pour limiter la perte au Nord et à l’Est, mais dès le moindre arrêt aux avirons, la dérive se réactive instantanément. Les conditions ne présentent pas un caractère périlleux pour aucun des rameurs, mais demeurent particulièrement défavorable. A cours de vivres, Patrice a accepté le ravitaillement du navire « Béru » affrété sur zone par l’organisateur pour venir en aide aux rameurs qui en feraient la demande. Vianney, le skipper de ce navire, a également accepté la demande de Patrice de le remorquer vers le Sud afin de le sortir de la veine de courants et de le placer le plus près possible du courant Sud-équatorial. Pour Olivier en revanche, qui ne souffre pas encore à ce jour de problème d’autonomie en vivres, l’attente de ce basculement des vents est interminable. Malgré une surprenante capacité à garder une lecture objective de la situation dans de telles circonstances, il analyse toutes les cartes et guette cette hypothétique évolution de la situation météorologique. Il reste déterminé à sortir de ce mauvais pas par ses propres moyens. Sous eux, un peu plus au Sud, Mathieu Martin lutte pour ne pas se faire entraîner à son tour dans ce maelström, tandis qu’à l’arrière, Patrice Maciel tente de descendre le plus loin possible dans le Sud afin de suivre la route de son compagnon Didier de la stratégie du Sud.

Tous espèrent que la descente de l’anticyclone et les forts vents de Nord-Est qui y sont associés vont rapidement recouvrir la zone en repoussant la dépression actuellement calée au Nord-Ouest du Brésil. L’ensemble des modèles météorologiques disponibles ainsi que les analyses des professionnels semblent confirmer ce basculement dès la fin de journée de dimanche. Mais après tant de déconvenues entre les prévisions et les situations réellement vécues en mer, plusieurs skippers n’ont plus d’espoir en la météo et ne souhaitent même plus que ces indications leur soient communiquées.

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