J49 – Des paysages dignes d’impressionnistes

Analyse de Mathieu Morverand, routeur de Rémy et d’Olivier Montiel.

50 jours ! 50 jours demain que les rameurs de cette édition 2014 de Rames-Guyane auront pris le départ sur ce plan d’eau calme et serein de Dakar ce 18 octobre dernier, loin de s’imaginer ce qui les attendait. Ils ont sans doute complètement oublié ce moment tant leur mémoire déborde d’images, de sentiments et d’émotions fortes. Au moins, si l’océan avait été stable et les conditions régulières, ils n’auraient pas eu à gérer le souvenir de tous ces paysages sans cesse renouvelés, mais non, pas une journée n’a été semblable à une autre, pas une seule fois, ils ont pu espérer que l’installation d’un vent et d’une houle favorables soit pérenne et les conduise jusqu’à la ligne d’arrivée sans autre inquiétude que celle de la force des éléments. Devant les îles de la Madeleine, que pouvaient-ils imaginer en se projetant jusqu’à ce mois de décembre ? Sans doute des soirées conviviales à l’abri au sec en compagnie de leurs proches et de leurs amis à raconter autour d’un bon repas les anecdotes de la traversée. Mais au lieu de cela, ils sont encore au milieu de l’océan avec désormais le risque pour plusieurs d’entre eux d’y passer le réveillon de Noël et peut-être aussi celui de la St Sylvestre. C’est bien une aventure étonnante en effet qui se déroule sous nos yeux et qui chaque jour renforce le mérite de ces forçats de l’aviron.

Positions, vents et précipitations au 6 décembre

Positions, vents et précipitations au 6 décembre

48 heures après s’être séparés, les partisans de chaque option commencent à ressentir les effets de leurs choix. Au nord, on lutte contre des courants qui poussent vers le Nord-Ouest mais on continue malgré tout pour l’instant à avancer dans la bonne direction en attendant fébrilement de rencontrer très bientôt la première barrière de courants défavorables. Celle-ci devrait avoir pour effet d’infléchir les trajectoires vers le Sud, ce qui serait de bonne augure pour retrouver le flux principal le plus bas possible et éviter ainsi de se faire déporter au large de la ligne vers les Antilles. Les partisans de la route du Sud semblent eux avoir réussi à sauter dans le flux du maelström avec des vitesses enregistrées à plus de 3 nœuds vers le Sud pour Olivier D. A cette vitesse, ils ne tarderont pas à contourner cette grande boucle de courants et à repartir tout droit vers les îles du Salut sans crainte de dériver au Nord. Olivier B quant à lui affiche le moral des grands jours, convaincu que cette option est la bonne. Même dans les moments difficiles vécus ces derniers jours, il a pris le temps de profiter de la traversée et d’admirer ces « paysages dignes de tableaux impressionnistes » tant les couleurs et lumières des ciels ombragés sur l’océan sont extraordinaires. Dans son sillage, Catherine et Philippe semblent avoir opté pour la même option, tandis que derrière, on avance vite mais on reste pour l’instant sur la route Nord, indiscutablement la plus courte en distance. C’est le cas notamment de Rémy Landier (n°84) et d’Olivier Montiel (n°7) qui observent méticuleusement chaque mouvement des rameurs aux avants postes afin de déterminer les avantages et les inconvénients de chaque option.

 

Tandis que s’opèrent au Nord ces choix complexes, deux skippers préparent discrètement une embuscade par le Sud. Patrice et Didier ont enfin attrapé la veine de courants qu’ils convoitaient depuis si longtemps, ce qui leur permet conformément à leurs espérances d’avancer maintenant très vite vers leur objectif. Après des semaines de lutte et de persévérance, ils ont fini par y arriver, leur ténacité et leur ardeur opiniâtre dans l’effort sont tout simplement exemplaires. Leur remontée pourrait être rapide. Pour autant, même si ils ne parvenaient pas à rattrapper la tête de la course, leur victoire n’est-elle pas déjà acquise en ayant réussi leur pari audacieux de rejoindre le courant sud-équatorial par cette route inédite ?

Une réflexion sur « J49 – Des paysages dignes d’impressionnistes »

  1. Allez Remy, tu es dans la phase finale, hier au salon vu Michel Horeau… mais le rhum n’était pas arrivé ! ! on pense bien à toi, bravo et t’es dans la dernière partie de la course ..
    Bises

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